Mardi 26 février, à 8h heure locale, nous décollons pour notre grande traversée, excités mais sereins. La météo est bonne avec des vents favorables. Je me sens comme un « Christophe Colomb » des temps modernes à la découverte du nouveau Monde.
C’est parti pour 10 heures de vol avec comme paysage unique l’eau bleue de l’océan et 8 heures sans contact radio.
La météo était très clémente avec juste quelques turbulences. C’est superbe de voler dans les nuages…Je ressens une grande impression de légèreté.
Au bout de 3 heures de traversée, au beau milieu de l’Atlantique, je somnole tranquillement en écoutant de la musique quand tout à coup, Philippe me réveille en disant « Nous avons un problème avec le moteur ». Effectivement, le moteur fait des sursauts inquiétants. Malgré la forte angoisse qui monte, je reste très calme afin de ne pas perturber Philippe. C’est pour moi un sacré exercice de gestion du stress et de patience.

Très vite, nous enfilons les gilets de sauvetage et Philippe me briefe sur la procédure à suivre en cas de panne moteur : dès l’arrivée sur l’eau, ouvrir la porte de l’avion, sortir le canot de sauvetage, puis sortir sur l’aile en tenant bien le canot par la corde. La tension reste à son maximum pendant deux heures le temps que les sursauts s’arrêtent.
Philippe pense expliquer les sursauts par des impuretés présentes dans l’essence que nous avons prise à Dakar.
Au bout de 8 heures, ça y est, nous apercevons enfin l’île brésilienne Fernando de Noronha, d’une beauté époustouflante. Trois jours plus tard, nous allons y atterrir mais avant, nous devons nous poser dans un aéroport international afin d’effectuer les démarches douanières.

Mauvaise surprise 2h avant d’arriver : » Pas d’avgas à Natal » nous informe la radio. Nous devons donc rallonger le vol de 30 minutes pour un stop technique à João Pessoa afin de refaire le plein d’essence et d’huile.
Nous voilà posés sur le territoire brésilien. Quelle joie et quelle fierté d’avoir réussi cet exploit. Bravo à Philippe qui a piloté le Mooney fabuleusement bien avec un sacré sang froid. Parcourant plus 2 773 kilomètres, nous avons volé à 3 500 pieds (1 067 mètres) à une vitesse moyenne de 272 km/h.


Notre première impression du pays a été quelque peu gâchée par les formalités dans l’aéroport de João Pessoa : 3 heures d’attente pour la facturation de la taxe d’atterrissage. Du jamais vu et une journée sans fin pour nous !!!!
Finalement, de nuit, nous rejoignons Natal pour un vol de 40 minutes avec heureusement une équipe efficace pour nous accueillir. Nous découvrons à cet instant que la dernière transatlantique Sud en avion léger a été réalisée deux ans auparavant, et par un bi-moteur.

Avant un repos bien mérité, nous trinquons à cette journée inoubliable. Une aventure fabuleuse.